Quand j'ai parlé de reprise hier, je n'ai pas précisé que cela concernait seulement les enfants... Pour une raison quelconque, les écoliers de notre comté n'ont pas bénéficié de la journée supplémentaire de congés accordée à la plupart des enfants du pays. Annette et Sir Thomas ont donc repris le chemin de l'école ce matin, et ils en étaient ravis. Pour ma part, moi, j'étais ravie d'avoir devant moi une journée bonus à la maison, le campus étant fermé jusqu'à demain... Et cette journée, je l'ai passée à lire. Quel luxe! Je me suis jetée dans The Sense of an Ending de Julian Barnes, sachant d'avance -- parce que tout le monde le dit -- que je ne pourrais le reposer qu'après l'avoir fini. C'est un roman court, ou comme Barnes aime corriger ceux qui utilisent ce terme, "concis," qui, une fois dévoré, reste avec vous et vous donne envie d'élaborer et de partager des hypothèses, mais attention, mieux vaut ne pas trop en dire....
Je n'avais pas lu de roman anglais depuis longtemps et cela m'a replongé dans mes études à la fac de Nancy. Surtout le titre du roman d'ailleurs, qui ne peut être une coïncidence, puisqu'il est exactement le même que celui de l'ouvrage de 1967 de Frank Kermode, et que les deux auteurs abordent des thèmes similaires, l'un par le biais de la fiction, l'autre par la théorie (quelque chose à étudier...). Et Kermode lui, m'a fait repenser à ce cours de licence sur le roman anglais avec M. Morel, que je n'avais pas du tout aimé sur le moment mais qui à long terme a été l'un des cours les plus marquants et utiles pour mes études de littérature. Au moment de choisir une de mes options, je m'étais inscrite dans ce cours principalement pour être avec ma copine Véro qui, elle, vénérait Morel. Moi, j'étais Chardin à fond. C'était le spécialiste de Shakespeare et Milton. Pendant 3 ans, il m'a fascinée avec ses explications de pièces et de sonnets. Une pièce par trimestre. Mais il y avait tant de choses à dire! Ce n'était pas difficile d'avoir une place dans ses cours. A part quelques groupies dont je faisais partie, la majorité des étudiants étaient là parce que les pauvres étaient arrivés trop tard au panneau d'affichage pour s'inscrire dans un autre cours -- n'importe quel autre cours! Il faut dire que Chardin, il notait super vache... Alors oui, il y a eu Chardin, et Morel pour la théorie du roman, et puis Mme Meneses aussi. Elle, c'était une des profs de littérature américaine, une espèce d'anti-Chardin parce que 1) elle s'occupait de littérature AMÉRICAINE et CONTEMPORAINE, 2) elle enseignait à l'américaine, c'est-à-dire 30 poèmes par heure, au lieu d'une dizaine de sonnets par trimestre, 3) ses cours étaient mortels, et 4) elle notait beaucoup moins vache. Madame Meneses a aussi été très importante dans mes études, ma carrière et ma vie car c'est elle qui m'a fait découvrir Dos Passos et Tennessee Williams, et c'est elle qui m'a donné le poste de lectrice à Ball State University, qui a marqué le début de ma vie aux US. "Tu n'as aucune chance," m'avait dit ma copine Isabelle, "ce poste, elle le donne à une maîtrise parce qu'il faut avoir sa licence en poche avant le départ". J'ai hésité quelques secondes, et puis je suis allée postuler malgré tout. J'ai passé un entretien avec elle, et elle m'a donné le poste, en me faisant promettre de réussir tous mes examens en juin parce que je n'aurais pas la possibilité de revenir pour la session de septembre. C'était au printemps 1990.
Je n'avais pas lu de roman anglais depuis longtemps et cela m'a replongé dans mes études à la fac de Nancy. Surtout le titre du roman d'ailleurs, qui ne peut être une coïncidence, puisqu'il est exactement le même que celui de l'ouvrage de 1967 de Frank Kermode, et que les deux auteurs abordent des thèmes similaires, l'un par le biais de la fiction, l'autre par la théorie (quelque chose à étudier...). Et Kermode lui, m'a fait repenser à ce cours de licence sur le roman anglais avec M. Morel, que je n'avais pas du tout aimé sur le moment mais qui à long terme a été l'un des cours les plus marquants et utiles pour mes études de littérature. Au moment de choisir une de mes options, je m'étais inscrite dans ce cours principalement pour être avec ma copine Véro qui, elle, vénérait Morel. Moi, j'étais Chardin à fond. C'était le spécialiste de Shakespeare et Milton. Pendant 3 ans, il m'a fascinée avec ses explications de pièces et de sonnets. Une pièce par trimestre. Mais il y avait tant de choses à dire! Ce n'était pas difficile d'avoir une place dans ses cours. A part quelques groupies dont je faisais partie, la majorité des étudiants étaient là parce que les pauvres étaient arrivés trop tard au panneau d'affichage pour s'inscrire dans un autre cours -- n'importe quel autre cours! Il faut dire que Chardin, il notait super vache... Alors oui, il y a eu Chardin, et Morel pour la théorie du roman, et puis Mme Meneses aussi. Elle, c'était une des profs de littérature américaine, une espèce d'anti-Chardin parce que 1) elle s'occupait de littérature AMÉRICAINE et CONTEMPORAINE, 2) elle enseignait à l'américaine, c'est-à-dire 30 poèmes par heure, au lieu d'une dizaine de sonnets par trimestre, 3) ses cours étaient mortels, et 4) elle notait beaucoup moins vache. Madame Meneses a aussi été très importante dans mes études, ma carrière et ma vie car c'est elle qui m'a fait découvrir Dos Passos et Tennessee Williams, et c'est elle qui m'a donné le poste de lectrice à Ball State University, qui a marqué le début de ma vie aux US. "Tu n'as aucune chance," m'avait dit ma copine Isabelle, "ce poste, elle le donne à une maîtrise parce qu'il faut avoir sa licence en poche avant le départ". J'ai hésité quelques secondes, et puis je suis allée postuler malgré tout. J'ai passé un entretien avec elle, et elle m'a donné le poste, en me faisant promettre de réussir tous mes examens en juin parce que je n'aurais pas la possibilité de revenir pour la session de septembre. C'était au printemps 1990.
Alors voilà, je vous recommande ce roman. Assurez-vous d'avoir plusieurs heures devant vous. Laissez passer un peu de temps, et voyez si ce livre ne vous fait pas, vous aussi, replonger dans quelque moment marquant de votre passé (avec les regrets du personnage en moins, j'espère...).
10 commentaires:
Pas encore traduit en français, va nous falloir patienter...
Martine
@Martine: jusqu'en janvier 2013, apparemment! Perfectionner ton anglais prendra peut-etre moins de temps...
je note, j'ai fini le dernier Pulitzer et j'en suis au 4eme Harry Potter, mais j'adore avoir des idées de livres. Peut-être pour l'avion vers NY la semaine prochaine.
Merci!
@Ariana: impecc! Entre l'attente pour l'embarquement et le vol, ca devrait te donner tout le temps necessaire!
Je note, j'aime bien les idees lecture. nous aussi on a fait une partie de nos etudes a Nancy mais a la fac de science et a partir de 1991, donc on n'a pas du se croiser...
J'aime bien quand tu parles de ton passé et de la manière dont il influence ton présent (en tout cas la route que tu as prise).
Noté pour le Barnes, je le commande sur Kindle derechef.
Et excellente année, Floridiens.
@MimiaHouston: ah ben non, 91, j'etais deja partie et avais prolonge mon sejour... Mais j'etais repassee a Nancy 2 ou 3 fois voir des copines -- au Metro par exemple. C'etait ma boite preferee!
@Yibus: il y a des moments, comme ca, ou quelques secondes, une hesitation, peuvent changer le cours des choses... Si j'avais ecoute ma copine Isabelle, ma vie aurait pris une tournure toute differente! Tu me diras ce que tu penses du roman. Et tres bonne annee a toi et a ta famille, Yibus chez les Belges.
c'est marrant, j'ai aussi fait mes études à Nancy!
mais un peu avant toi!! j'ai commencé en 1973, en fac de médecine, et j'y ai connu mon époux..et ensuite nous nous sommes "expatriés" vers l'ouest (hélas nous nous sommes arrêtés en Bretagne, j'aurais aimé traverser l'Atlantique, pour aller au Québec..)
à l'époque, partir était très difficile..
bonne journée!!!
J'ai adoré également ce roman, le premier que je lisais de Julian Barnes mais sûrement pas le dernier! ;o)
@Mylittlediscoveries: merci d'etre passee et d'avoir laisse un comm. Moi aussi, c'etait mon 1er Barnes. C'est une interview sur NPR qui m'a intriguee et m'a donne envie de le lire.
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