De l'utilité de la serviette

Serviette hygiénique, je précise. Je suis rentrée ce midi, affamée, et prête à dévorer ce bagel à l'oignon fraîchement acheté à Wholefoods avec un peu de cream cheese, beaucoup de saumon fumé, et de la ciboulette du jardin. J'avais remarqué que le-dit bagel était un peu dur, mais je n'avais pas osé le reposer sur l'étagère pour en tater un autre. Peut-être un peu trop pressée de le faire griller, j'ai attrapé le couteau à pain et entrepris de le couper en deux, et, évidemment, ce qui devait arriver arriva: le couteau a ripé et, de toute la force de mon bras droit, a atterri, et bien entamé, mon index gauche. Le sang a commencé à couler à grosses gouttes, et, au bord de l'évanouissement je suis vite allée à la salle de bain rincer le bobo. J'ai d’abord attrapé un mouchoir en papier pour l'appliquer sur la blessure, mais il a tout de suite pluché, et la grosse tache rouge qui grossissait à vue d'œil n'aidait pas à me rassurer. Puis, malgré la panique, j'ai repensé à mon beau-frère et à sa chute de VTT pendant nos vacances dans l'Oregon. Comme il s'était bien ouvert à la jambe, les accompagnateurs avaient tout de suite sorti un lot de serviettes hygiéniques puis lui avaient bandé le mollet, en guise de premiers secours en attendant d'arriver à l'hôpital. Vous allez peut-être me dire "élémentaire, mon cher Watson," mais jusqu'à cet été, je n'avais jamais pensé à cette utilisation originale de la chose. Donc, 2 tylenols et 2 protège-slips ensanglantés plus tard, j'écris ce billet de l'index droit et du majeur gauche, qui a vaillamment pris la relève. L’index blessé me lance, mais le bagel était délicieux.